Charte

CHARTE : Recette des CUCH

 
Quiche

 

Chers amis,

 

Nous sommes les CUCH. Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité. Un mouvement apolitique et aconfessionnel dans le sens où nous ne demandons pas aux signataires de cette charte d’être de gauche ou de droite, ni d’être catholiques pratiquants. Mais un mouvement à visée politique et confessionnelle quand même, car nous revendiquons d’être citoyens et acteurs des choses publiques de notre cité et de notre monde, en tant que catholiques.

 

Pourquoi avoir choisi ce nom de groupe qui en surprendra plus d’un, y compris les cathos sûrs d’être hétéros sous prétexte qu’ils ne se sentent pas homos, qu’ils se sont mariés à l’Église et qu’ils sont opposés à l’idéologie du Gender et au « mariage pour tous » ?

 

Il nous fallait faire quelque chose : tant de gens croient que nous, catholiques, sommes hétéros et que nous défendons l’hétérosexualité contre l’homosexualité, alors que c’est précisément l’inverse ! Nous cherchons à démontrer la ressemblance mortifère entre homosexualité et hétérosexualité, pour mettre en avant la différence femme-homme aimante et la différence Créateur-créatures aimante. Nous ne sommes pas plus hétéros de condamner la pratique homo et de ne pas nous définir comme homos que nous serions aimants et irréprochables d’être catholiques pratiquants et en couple femme-homme. L’Église n’a jamais soutenu l’hétérosexualité (trouvez-nous un texte où Elle en aurait fait la promotion !), jamais soutenu la pratique homosexuelle, et s’est encore moins servie de l’une pour taper sur l’autre : Elle tape sur les deux ! Pour Elle, les couples hétéros et les couples homos sont jumeaux de violence et de manque de désir. Pas un pour rattraper l’autre. En aucun cas ils ne peuvent être défendus comme modèles sociaux d’Amour. La seule chose qui importe à l’Église catholique universelle, c’est la différence des sexes couronnée par l’Amour, autrement dit l’alliance entre le Christ et l’Humanité ou l’alliance d’amour fécond entre la femme et l’homme. Point barre.

 

Face à la passivité et l’ignorance des pro-mariage-pour-tous comme des anti-mariage-pour-tous qui inconsciemment soutiennent ensemble et d’un commun accord tacite l’idéologie hétérosexuelle – soit pour la diaboliser, soit pour s’y identifier mollement – et qui ont pris l’hétérosexualité pour argent comptant, pour une évidence anthropologique et amoureuse indiscutable, alors que c’est précisément l’obéissance à ce concept qui biaise tous les débats de fond sur l’amour femme-homme (et sur le Gender, la PMA-GPA, le mariage, l’homosexualité, l’homophobie, la famille, etc.), nous avons souhaité réagir pacifiquement, vivement et fermement. Car NON, nous ne sommes pas d’accord avec cette récente définition de l’Humanité, qui transforme l’air de rien les Droits de l’Homme (femme/homme) en « Droits des hétéros et des homos », retirant ainsi aux êtres humains leur humanité :

1 – au bénéfice de la justification/banalisation de la pratique hétérosexuelle, qui est une pratique violente, bisexuelle et discriminante car elle repose sur une mise en opposition systématique entre la femme et l’homme, sur une banalisation et une sacralisation excessive de la différence des sexes, une banalisation de la famille de sang, une banalisation de l’engagement d’amour durable et fidèle entre l’homme et la femme.

2 – au bénéfice, en général, de la justification/banalisation de la pratique homosexuelle, qui est une pratique violente et discriminante car elle repose sur une exclusion radicale de la différence des sexes, différence qui est le socle du Réel, de l’existence humaine, de la transmission de la Vie, de la paix sociale, quand elle est vraiment accueillie dans l’Amour.

 

Nous ne sommes pas d’accord avec l’idéologie hétérosexuelle qui réduit l’être humain à ses fantasmes et ses tendances sexuelles, à ses pratiques génitales, en laissant de côté la sexuation femme-homme couronnée par le désir… même si, stricto sensu, le terme « hétérosexuel » pourrait se justifier car il implique l’altérité dans la sexualité. Mais c’est oublier un peu vite qu’il a un contexte d’énonciation et un contexte symbolique précis. Le mot « hétérosexualité » est né de la côte de l’homosexualité (un an après, en 1870), et lui était quasiment synonyme et soumis. À la différence « des homos », « les hétéros » étaient attirés par les deux sexes. Mais ils étaient aussi bien hétéros qu’homos ! Plutôt que de désigner une norme sexuelle universelle, le mot « hétérosexualité » venait initialement défendre une sexualité non-normative et dissidente, une bisexualité naturelle, un « troisième sexe » posé comme « normal ». Jonathan Katz, dans son essai L’Invention de l’hétérosexualité (2001), nous explique clairement qu’au départ, l’hétérosexualité était classée au rang des perversions au même titre que l’homosexualité : « En dépit de ce qui nous a été dit, l’hétérosexualité n’était pas synonyme de relation à visée reproductrice. Elle n’était pas, non plus, assimilable à la différence sexuelle et à la distinction de genre, pas plus qu’elle n’étaye l’équivalent de l’érotisme entre hommes et femmes. » Elle pouvait aussi bien qualifier une attirance pour les deux sexes qu’une pratique érotique (masturbation, sodomie, bestialité, adultère, etc.) excluant la procréation, le mariage et la famille. Le terme « hétérosexuel » a été créé sous l’impulsion d’hommes et de femmes libertaires de la Nouvelle-Angleterre du XVIIe et du XVIIIe siècles, partisans de ce qu’ils appelaient « l’amour vrai et libre », soucieux de justifier scientifiquement un érotisme en deçà du rapport sexuel et extérieur à toute institution d’État ou d’Église. « L’hétérosexuel » ne rentrait pas dans le cadre de la sexualité dite « normale » étant donné qu’il était jugé coupable d’ambiguïté : « On attribuait à ces hétérosexuels une disposition mentale appelée ‘hermaphrodisme psychique’. Les hétérosexuels éprouvaient une prétendue attirance érotique masculine pour les femmes et féminine pour les hommes. Ils ressentaient périodiquement du désir pour les deux sexes. » Que ce soit les mots « hétérosexuel » (synonyme à l’époque de ce qu’on appelle aujourd’hui « un bisexuel » », et qui était en 1892 un homme attiré par les deux sexes) ou « homosexuel » (personne qui devient après 1892 un individu attiré exclusivement par les individus de même sexe que lui), ils étaient tous les deux les expressions d’une absence de désir de se tourner exclusivement vers les membres du sexe opposé… donc bien loin du sens que nous leur assignons actuellement, surtout au premier ! Par la suite, le théoricien Krafft-Ebing a interprété le terme « hétérosexuel » à travers la grille de la différence sexuelle des partenaires. Il en détourna le sens initial pour le rendre synonyme de « sexualité normale entre un homme et une femme » et l’opposer à « homosexuel », même si paradoxalement, dans sa Psychopathia Sexualis (1886), le « Manifeste de l’hétérosexualité » pourrait-on dire, le terme « hétérosexuel » continua de signifier « instinct sexuel contraire », « hermaphrodisme psychique », « homosexualité » et « fétichisme ». La défense de la normativité de l’hétérosexualité pour ensuite prouver celle de l’anormalité/normalité de l’homosexualité ne vient pas, comme nous le pensons couramment aujourd’hui, des personnes non-homosexuelles, mais en réalité de personnes défendant la normativité de leur désir ambigu pour les deux sexes ou pour un sexe semblable au leur sans en passer par la reconnaissance sociale, la procréation et le mariage. En définitive, l’invention de l’hétérosexualité, comme de l’homosexualité, est ce qu’on désignerait de nos jours purement bisexuelle, libertaire, homosexuelle et homophobe.

 

L’hétérosexualité est la mère du Gender. Du moment que nous comprendrons l’origine bisexuelle du mot « hétérosexualité », et la confusion qu’il crée entre genre-image (masculin/féminin) et genre sexué (femme/homme), nous ne douterons plus que « les hétérosexuels » mériteraient de s’appeler les « éthers au sexuel ». Ils sont des êtres mythiques soumis au patron de l’homosexualité, à une époque où l’Homme niant Dieu prétendait s’auto-créer par l’art, le cinéma et la médecine légale, où le libertinage voulait acquérir un statut médiatique, législatif, scientifique, émotionnel, qui l’édulcore.

 

Dans ses fonds, l’hétérosexualité est une idéologie :

d’indifférence et d’indifférenciation (elle fait passer la tolérance et l’optimisme pour du respect et pour l’Espérance, alors qu’ils sont tout le contraire de ces derniers ; l’hétérosexualité est écolo, progressiste, pro-vie et pro-amour à partir du moment où ce ne sont pas la différence des sexes et l’Église catholique qui incarnent et encadrent cette vie et cet amour).

fasciste (L’hétérosexualité est d’ailleurs née à l’époque des fascismes historiques ; elle prône un eugénisme nouvelle formule, une humanité séparée non plus entre hommes et femmes mais entre « homos » et « hétéros », ou entre l’hyper-homme et l’hyper-femme. Rien d’étonnant qu’elle soit actuellement défendue comme une vérité anthropologique autant par les gens d’extrême gauche que par ceux d’extrême droite. Le fascisme de l’hétérosexualité repose sur le concept d’égalité de sexes qui seront paradoxalement toujours montrés comme opposés).

totalitaire (« Les hétéros », à la base, voulaient jouir sans entraves, étaient les porte-drapeau d’une sexualité « libre et sans engagement »).

bisexuelle (« Les hétéros » sont attirés par les deux sexes, même s’ils jouent pour un temps sur nos écrans les rôles de l’Éternel Masculin et de l’Éternel Féminin : ils disent que ce qui compte, ce ne sont ni les pratiques ni les sexes corporels : c’est d’« être amoureux », c’est de « consommer du bien-être venant de soi ».)

bobo ou « bourgeoise-bohème » (L’hétérosexualité défend la nature des sens, non celle des sexes ; elle défend l’image télévisuelle de Nature, pour délaisser la Nature même : c’est l’idéologie par excellence de l’Homme bourgeois auto-déterminé et non-déterminé, car elle vise l’indifférenciation et le doute comme absolus de vérité, d’identité, d’amour).

sexiste (L’hétérosexualité soutient l’hyper-masculinité – une virilité forcée – et l’hyper-féminité – une féminité coquine et fatale – en les faisant passer pour les hommes et les femmes réels.)

anticléricale (À la base, « les hétéros » souhaitaient contourner le mariage à l’Église, qui seul engage vraiment et n’est pas qu’un contrat : le mariage religieux est en effet un lien indissoluble, contrairement au mariage civil qui peut se rompre. C’est pour cela que l’Église catholique n’a jamais parlé d’« hétérosexualité » et ne l’a jamais défendue.)

publicitaire et matérialiste (« Les hétéros » sont nés sur nos écrans, dans nos livres de contes et dans nos manuels de biologie, à la fin du XIXe siècle, pile au moment où l’argent, les techniques audiovisuelles et la psychiatrie convainquaient l’Homme qu’Il n’avait plus besoin de Dieu pour être heureux et qu’Il était son propre artiste/artisan d’amour et d’identité).

angéliste (L’hétérosexualité tend à la fusion et donc à la rupture identitaire et amoureuse – autrement dit à la schizophrénie et au divorce ; elle défend un Homme asexué/androgyne, affranchi de la sexuation et de la différence qui mettent un frein à sa toute-puissance.)

homophobe (« Les hétéros » nient qu’ils s’appellent « hétéros » juste après s’être définis comme tels, car pour eux, « hétéros, bis, homos, trans » sont des étiquettes marchandes réductrices et télévisuelles ; ils refusent de catégoriser les désirs – notamment le désir homosexuel – en disant qu’ils se valent tous et qu’ils sont légitimes à partir du moment où ils sont ressentis et individuels. C’est la raison pour laquelle l’hétérosexualité va à la fois défendre la pratique homosexuelle mais taper sur les doigts de ceux qui la nomment ou qui donnent un statut identifié à leur/l’homosexualité. Les personnes « hétéros » instrumentalisent les personnes homosexuelles pour tantôt se montrer comme leurs amis – c’est bien le rôle des « souteneurs » –, tantôt se montrer comme leurs ennemis, afin de nier leur existence et leur gémellité de violence dans la pratique bisexuelle.)

anti-célibat et anti-famille aimante (Il n’y a qu’à voir le mépris avec lequel ceux qui se désignent comme « hétéros » parlent de l’Amour, du mariage, des prêtres et des religieuses, des amis, des couples mariés à l’Église, des familles, des enfants…)

désenchantée (Pour « les hétéros », l’amour ne dure pas, n’a pas de consistance ni de constance, n’a pas de loi ni de corporéité, ne défend que la domination de l’homme sur la femme : il serait pluriel et inexistant.)

 

Parce que nous croyons en l’amour entre l’homme et la femme (parfait non d’être figé et télévisuel, confortable et sans problème, mais parfait d’être en chemin et en combat de perfection malgré les déceptions et les épreuves de la vie), parce que nous croyons en leur union féconde et sacrée (qui ne passe pas nécessairement par la procréation d’enfants, même si celle-ci est la meilleure expression de la fécondité de la différence des sexes), nous appelons tous les Catholiques et amis du Pape à signer cette Charte contre l’hétérosexualité et à suivre régulièrement les publications des CUCH.

 

Et par la même occasion, nous demandons l’abrogation de la Loi Taubira promulguée en France en mai 2013, une loi inhumaine parce qu’elle est typiquement hétérosexuelle et qu’elle nie la réalité de l’Humanité en banalisant la différence des sexes. Nous remercions François Hollande, Christiane Taubira et Erwann Binet de nous l’avoir appris et funestement illustré…

Tous unis contre l’hétérosexualité, qui est une bisexualité et une homosexualité non-assumées et actives !

 

Philippe Ariño, fondateur des CUCH