« Blanc et Hétéro » d’Arnaud Demanche : un spectacle tout sauf hétéro, donc à aller voir d’urgence


 

Contre toute attente, je sors de voir un one-man-show très profond, « Blanc et hétéro » d’Arnaud Demanche. À l’Apollo, à Paris. De toutes les pièces parisiennes que j’ai vues (et j’en ai vues, depuis 2006 !), c’est bien la première fois que j’entends quelqu’un qui questionne le concept d’hétérosexualité, intelligemment, en dehors de toute défense identitaire ou partisane pro-homosexualité, et en tout amour des personnes qu’il imite ou égratigne (même si ce n’est pas le sujet central de la pièce). À ce jour, c’est le seul spectacle qui commence timidement à croquer l’hétérosexualité, en réussissant le tour de force de ne pas sombrer dans le relativisme iconoclaste bobo ou la bien-pensance « gay friendly ».

 

Le comédien a même abordé à son insu des thématiques que je traite dans mon prochain livre sur Joséphine ange gardien (par exemple l’Incamania ; et il a même mentionner Joséphine ange gardien !) qui rendent son show précurseur et pour le coup trop en avance sur son temps pour encore faire rire à gorge déployée son public… mais ce n’est pas plus mal : c’est pour cela que c’est un stand-up excellent. Il propose ; et il donne à réfléchir. C’est vraiment un spectacle politique au sens noble parce que sans prétention politicarde. Demanche met en lumière l’hypocrisie et la fausse aide des idéologues qui se nomment « hétéros », qui défendent l’hétérosexualité pour appuyer l’homosexualité, ou qui la flinguent en la confondant avec la différence des sexes. Très fort.
 

Depuis le temps que je vous dis – à vous personnes non homos souhaitant vous engager pour une juste cause et sur un sujet porteur encore inexploité – qu’une certaine dénonciation (proposante !) de l’hétérosexualité est une bombe, je pèse mes mots ! Il faut que vous parliez d’hétérosexualité. C’est urgent. Et ça vous donnera un angle proposant et visionnaire pour aborder plein de problèmes mondiaux cruciaux.
 

Pour la petite histoire, pendant son spectacle, Arnaud Demanche m’a fait chier plusieurs fois en me voyant prendre des notes, et me chambrait, troublant ma concentration. Mais c’était drôle. Et le mec, il est convivial et sympa comme ça avec les autres personnes du public aussi. Et toujours sans complaisance et avec impertinence. Je vous conseille donc d’aller le voir. Et je conseille au comédien de poursuivre à être politique et humoriste comme ça : c’est trop rare et nécessaire dans cette ambiance de pré-guerre civile.
 
 

N.B. : Retrouvez les quelques rares codes homos que j’ai identifiés dans ce spectacle dans mon Dictionnaire des Codes homos sur l’Araignée du Désert.