Sans guerre ouverte contre l’hétérosexualité, nous ne nous en sortirons jamais

Philippe-Ariño

“Nous devons carrément partir en guerre contre l’hétérosexualité, demander son abolition. C’est notre seul moyen de lutter contre l’homophobie et de faire barrage à toutes les lois pro-homos – et plus largement toutes les lois inhumaines, sentimentalistes et désincarnées (Gender, PMA, GPA, euthanasie, statut de l’embryon, etc.) – qui passent en ce moment au nom de l’égalité « hétéros-homos » ou au nom de « l’Amour ». L’hétérosexualité est le centre névralgique de toutes les violences sociales, là d’où s’origine le cancer : c’est bien parce que les hommes et les femmes ne s’aiment plus que l’être humain s’auto-détruit. Il nous faut donc – et c’est un travail de longue haleine, j’en conviens – s’attaquer à la racine du problème, l’hétérosexualité, et non à ses ramifications. Par exemple, à propos de la loi du « mariage pour tous », nous n’avons pas encore pris le taureau par les cornes car nous refusons toujours de déclarer ouvertement notre opposition à l’hétérosexualité. Les anti-mariage-gay préfèrent s’installer dans une étiquette qu’on leur a distribuée dernièrement – « les hétéros » -, par confort, paresse, ignorance et lâcheté, plutôt que de se rebeller. Pire encore : ils se mettent même à demander la constitutionnalisation du mariage femme-homme ou du CUC (Contrat d’Union Civile) « pour les homos » (comme Frigide Barjot). Leurs propositions ne sont que des coups d’épée dans l’eau et ne constituent pas de vraies solutions à long terme. Ce sont même des mesures qui nous enfoncent encore plus dans le mensonge et l’homophobie. Certains trouvent notre bataille – à nous, CUCH – contre l’hétérosexualité, risible, trop longue, trop fastidieuse, trop incompréhensible intellectuellement pour notre époque maintenant qu’à l’échelle mondiale, dans la tête de nos contemporains, le mot « hétéro » signifie/signifierait tous les couples femme-homme de la Terre. Mais ce n’est pas notre faute si, depuis un siècle et demi, la réflexion sur la sexualité a somnolé, voire stagné. Et il nous faudra un jour assumer une bonne fois pour toute notre retard ! : d’ailleurs, si nous nous sommes levés contre la loi Taubira, ce n’est certainement pas qu’à cause de l’homosexualité, mais bien contre tout le cortège de lois hétérosexuelles – facilitant l’avortement, les divorces, les infidélités, les manipulations sur embryon, les méthodes contraceptives, contractualisant le mariage, transformant l’être humain en objet de consommation – qui l’a précédée ! Il nous faut également cesser de prendre les gens pour des cons, cesser de croire qu’ils ne vont jamais comprendre ce que nous leur disons (si nous ne les informons pas, c’est sûr qu’ils ne risquent pas de sortir de l’ignorance !) et essayer de leur faire un peu confiance : ce n’est quand même pas la mer à boire de remplacer le terme « hétérosexualité » par « couple femme-homme aimant » ! Même si on ne comprend pas tout de suite la profondeur, la justesse et la cohérence de la démarche.”

Philippe Ariño