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Il y a ceux qui veillent… et ceux qui ne veillent plus

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Comment on fait quand :
 

1) on se met à défendre et à créer une absurdité (le « mariage hétérosexuel ») alors que le mariage n’a jamais été une affaire d’oriention(s) sexuelle(s)? Le mariage n’est qu’une affaire de différence des sexes. Mieux : il EST la différence des sexes.
 

2) on se met à défendre la déconnexion du mariage et de la filiation (comme le fait Madeleine de Jessey ; à l’identique des pro-mariage-pour-tous)?
 
 

Je crois que là, il y a un sérieux problème dans le discours. Pourtant, il me semble que, pendant les Veillées parisiennes, j’ai suffisamment insisté sur l’importance de ne pas cautionner l’hétérosexualité. Visiblement, Madeleine devait dormir à ce moment-là, n’a pas lu le site CUCH, ou a loupé un épisode. Mais l’esprit des Veilleurs n’y est pas. Pour cette raison, il est important de ne pas confondre les Veilleurs et Sens Ordinaire (= Sens Commun).
 
 
 

N.B. : Je me permets de rajouter ce gros bémol, suite à des articles lamentables comme celui de Boulevard Voltaire qui traîne en procès Madeleine Bazin de Jessey. D’accord, concernant la sortie de Sarkozy, elle n’a pas réussi à corriger le tir. Certes, elle a fait preuve d’imprudence. Mais la présenter limite comme une collabo, c’est vraiment inadmissible. Ça me fait penser aux attaques que subit Christine Boutin qui pendant 15 ans a essayé d’éduquer, de travailler Sarkozy, parfois avec succès, et souvent avec courage. C’est pareil pour Madeleine. Ne lui enlevons pas ça. C’est le vrai visage de traître de Sarkozy qui doit nous indigner. Pas celui (certes naïf, mais un peu courageux) de ses conseillers qu’il a jetés après emploi. Il faut rendre à César ce qui est à César. Je comprends que Sens Commun ait eu l’impression d’un miracle en voyant d’où partait Sarkozy (qui aurait cru que ce monsieur parlerait d’abrogation dans son programme présidentiel il y a seulement 3 ans?). Je comprends que Sens Commun et Madeleine aient cru pouvoir tirer gloire de cette incohérence et de ce « tun-over » sarkozien, car objectivement, c’en était un (turn-over impressionnant), EN APPARENCE. Ce qu’on peut reprocher à Sens Commun, c’est d’avoir débouché un peu vite la bouteille de champagne (sans reconnaître la nouvelle gravité qui avait été dite : le sujet de l’homosexualité est délicat et ne souffre pas l’imprécision), c’est de n’avoir pas cherché à se former sur l’hétérosexualité (ni à former Sarko sur les justes raisons de demander l’abrogation), de s’être emballé pour un mot (« abrogation ») sans se soucier des formes qu’il doit prendre et sans vérifier chez Sarko que ça allait prendre la forme du « mariage hétéro » et du « mariage homo », et puis surtout d’avoir essayé de justifier après-coup la bourde de Sarko. Mais pour le reste, je trouve l’article du Boulevard Voltaire injuste, car il ne reproche pas les bonnes choses à Madeleine. Madeleine a déjà poussé énormément Sarkozy dans ses retranchements et a réussi un tour de force. Elle n’a juste pas contrôlé le lancement de la fusée, par manque de discernement sur les formes et les raisons de cette demande d’abrogation. Point. Ce n’est sûrement pas une collabo. Il faut le dire : il y a certainement chez Sens Commun une naïveté mêlée à de l’arrivisme électoral, un manque d’exigence (sinon, on ne serait pas arrivé à ce genre de dérapages sarkoziens), de l’orgueil, de la complaisance à se satisfaire du petit pas, de l’à peu près, plutôt qu’à exiger le plus grand pas. Mais de là à parler de collaboration (diabolique), faut arrêter le délire (et pourtant, je dis ça alors même que je suis en train d’écrire un papier intitulé : « L’hétérosexualité, c’est le diable »). Sens Commun a réalisé un faux tour de force, et par orgueil/ignorance, n’a pas identifié cette fausseté. Mais je leur concède qu’il en avait l’apparence. Madeleine s’est fait dépasser par le discours de Sarko (je le sais car jamais je ne l’ai entendue parler ni défendre l’hétérosexualité). Le dérapage est là. Madeleine n’est pas Sarkozy (même si, semble-t-il, certains veulent les faire fusionner…).

Largués par rapport aux Veilleurs?

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Pour ceux parmi vous qui débarquez complètement et entendez parler de ce mouvement naissant des VEILLEURS et des SENTINELLES contre la Loi Taubira, voici 6 petits liens pour vous y repérer et pour vous aider à percevoir son importance :

1 – Le témoignage d’Axel, un des fondateurs

2 – La publication aujourd’hui du livre-témoignage sur les Veilleurs (avec plein de magnifiques photos et textes : je l’ai feuilleté, et c’est un beau cadeau à offrir. On y retrouve entre autres les visages bien connus d’Alix, Madeleine, Gauthier, Axel, etc.)

3 – Le Lien Youtube de l’arrestation d’Alix, la courageuse veilleuse (à qui les Forces de l’« Ordre » ont demandé il y a une semaine de « se disperser »… alors qu’elle était toute seule !). Cette vidéo incroyable commence à buzzer sur Youtube, et ça vaut le coup d’œil ou le partage sur les réseaux sociaux

4 – Le site « Pourquoi je veille » (complémentaire de l’officiel Journal des Veilleurs) qui regroupe des témoignages de Veilleurs ou de Sentinelles debout, qui veillent sur les droits humains fondamentaux en France depuis un an. Merci de lui faire bon accueil.

5 – Si vous ne connaissez pas encore, j’ai appris dernièrement l’existence d’un nouveau groupe de résistance (aux côtés des Veilleurs, du Printemps français, des Antigones, de Camping pour Tous, des Prisonniers politiques, de LMPT, de Jour de Colère, des Mères Veilleuses, des Sentinelles, etc.) : les Gavroches. Bien sympathiques car ils proposent de sensibiliser sur notre cause par la musique de rue. N’hésitez pas à aller voir leur page et à « liker ».

6 – Enfin, le lien sur la soirée d’hier à Vendôme : « Parqués comme des bêtes à Vendôme »

COMMENT ENVISAGER LA SUITE DE NOTRE MOUVEMENT ?

COMMENT ENVISAGER LA SUITE DE NOTRE MOUVEMENT ?

 

État des lieux

 


Notre mouvement est beau, prometteur, historique, entend-on. C’est totalement vrai. J’y souscris complètement. Et dans la joie. Mais a-t-on vraiment mesuré en quoi ? Je ne le pense pas. Du coup, le constat optimiste se fige en auto-contentement, en esthétisme révolutionnaire… et en angoisse pour l’avenir. Il ne suffit pas de vanter l’ « Unité dans la pluralité » pour donner corps à cette assertion.

 

Alors d’emblée, je vous dis : N’ayons pas peur. Notre mouvement est déjà génial, et ne doit pas en rester à l’intuition de ce qu’il est.

 

D’où vient le flottement actuel de notre mouvement, que ce soit aux Veilleurs ou à la Manif Pour Tous et autres groupes d’opposition aux politiques du gouvernement de François Hollande ? Du fait que nous n’ayons pas encore nommé ni identifié notre ennemi : la BIPOLARITÉ HÉTÉROSEXUALITÉ-HOMOSEXUALITÉ, qui définit arbitrairement l’Humanité (depuis les Lumières et surtout depuis 1869, date de création des termes « homosexualité » et « hétérosexualité »), bipolarité qui a anesthésié les esprits de nos contemporains et qui a fait la pluie et le beau temps sur nos pratiques sexuelles depuis un siècle et demi. La majorité d’entre nous s’est habituée à celle-ci, l’a cautionnée, et s’en sent même responsable et fière ! Et pour ce qui est de notre contexte national depuis un an, la majorité d’entre nous s’est déjà résignée à enterrer le « mariage pour tous » (loi Taubira) et pense que l’urgence et le « réalisme » de notre situation nous conduit à parer au plus pressé, au plus actuel, à lutter contre l’ennemi le plus évident et le plus proche : l’idéologie du Gender (c’est l’orientation qu’ont choisi des groupes comme Civitas ou comme la Manif Pour Tous). Nous nous tournons logiquement vers les conséquences directes de la loi Taubira : la famille, la PMA, la GPA, le Gender, l’adoption, le statut de l’embryon, etc. Et bizarrement, ceux qui disaient « On ne lâche rien ! » ont déjà lâché joyeusement leur demande d’abrogation du « mariage pour tous ». Paradoxe qui m’hallucine…

 

Quand certains voient l’ennemi super proche, d’autres au contraire (et ce n’est pas mieux) voient l’ennemi super loin : Frigide Barjot dit se battre contre le fascisme, les « ultras », « pour les homos » et « contre l’homophobie » (sans chercher à définir ni à comprendre aucun de ces concepts) via l’Union Civile et la constitutionnalisation du mariage femme-homme ; l’Écologie humaine se bat contre le transhumanisme en proposant une réflexion utile sur toutes les lois de bio-éthique qui concernent la vie (vaste programme ; peut-être trop vaste et trop abstrait pour les gens de notre époque) ; les groupes plus radicaux et politisés (Printemps Français, Hommen, Prisonniers politiques, etc.) voient l’ennemi dans l’État français ou la République, et pensent que le bien-fondé de leurs actions reposera sur le fait que leurs buts deviennent leurs moyens, sur leur force de frappe et leur visibilité ponctuelle. Certains (Civitas par exemple), enfin, spiritualisent le combat en termes d’affrontement des « forces du bien » contre les « forces du mal ».

 

Si nous savions comme la pierre d’achoppement qui tient tout l’édifice idéologique de nos gouvernants c’est la bipolarité hétérosexualité/homosexualité (appelée « Amour »), si nous comprenions que notre point commun avec nos opposants c’est notre croyance aveugle en l’hétérosexualité, nous n’hésiterions pas à la dénoncer et à dire que si nous nous sommes levés contre le mariage gay, ce n’était pas seulement contre la pratique homo mais contre toutes les lois hétérosexuelles (abortives, contraceptives, infanticides, parricides, identicides et familicides) qui l’avaient précédé ! que nous nous sommes levés en réalité contre l’hétérosexualité ! Tant que nous ne nommons pas notre ennemi, jamais nous n’avancerons. Cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité touche aux deux réalités que nos mouvements essaient de caresser timidement : l’identité humaine (à travers la lutte contre le Gender, contre le transhumanisme, contre l’euthanasie) et la parenté humaine (à travers la lutte contre l’exclusion de l’altérité des sexes dans le cas des adoptions, PMA, GPA).

 

Contrairement à ce que nous essayons de nous faire croire, ce ne sont pas « la défense de la Vie » ni « l’Espérance » (notions très belles mais qui peuvent vite devenir de grandes abstractions) qui vont nous tirer d’affaire. C’est la lutte contre l’hétérosexualité. Si nous défendons l’amour, les enfants, la vie, la filiation, la famille, figurons-nous bien que les promoteurs de l’adoption, du mariage homo, de la PMA, de la GPA pour tous, font de même ! Beaucoup, d’ailleurs, ne comprennent pas pourquoi nous nous opposons à leurs revendications car ils nous entendent soutenir les mêmes choses qu’eux : la beauté des familles, les droits de l’enfant, l’importance de l’adoption, le respect de l’amour et des identités, la grandeur des différences, etc. En revanche, eux défendent le binôme homosexualité-hétérosexualité pour ensuite rapidement l’asexualiser sous le vocable d’« Amour ». Toutes les lois inhumaines que notre gouvernement socialiste propose avec sincérité sont passées au nom de « l’amour » homosexuel, qui a d’abord été opposé à l’amour « hétérosexuel » puis universalisé et rendu neutre par le terme « Amour », et au nom du fait qu’il fallait respecter l’égalité de traitement entre « homos et hétéros ». Par exemple, il y a pile un an, le 10 septembre 2012 dans le journal la Croix, Mme Taubira justifiait qu’il fallait donner le « droit à l’adoption » aux couples de même sexe sous prétexte qu’il aurait soi-disant déjà été donné aux couples « hétérosexuels » (alors que, dans le meilleur des cas, ce droit ne doit être donné qu’aux couples femme-homme aimants, et non à tous les couples femme-homme ni encore moins aux « couples hétéros ») !

 

Nous devons donc clairement nous opposer à l’hétérosexualité, qui consolide par défaut les mythes homosexuels, et qui évacue les corps et les cœurs. Car quand on remplace la réalité des couples femme-homme aimants ou des célibataires consacrés par le mot « hétérosexualité », on gomme ET la différence des sexes, ET l’amour dans cette différence. On glisse des « Droits de l’Homme » aux « Droits des hétéros puis des homos… puis ni des homos ni des hétéros mais des Amoureux asexués », en zappant l’Humanité et la différence des sexes. On remplace un monde partagé entre hommes et femme, et entre Créateur et créature, par un monde individualiste défini selon les fantasmes identitaires, les pulsions et les tendances érotiques, les pratiques sexuelles, et non plus sur l’alliance entre sexuation et Amour. C’est très grave.

 

Alors j’ai conscience que nous partons de loin en remettant en cause cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité sur laquelle le monde s’est assoupi maintenant à échelle mondiale et dans la sphère politico-médiatique. Je mesure que les CUCH (Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité) et moi vous lançons dans une lutte digne d’un match entre David et Goliath. Je sais que la piste de l’hétérosexualité a tout l’air de LA fausse piste ou du sophisme. Je sais que le combat contre l’hétérosexualité paraît fou, risible, fragile, inaudible, difficile à expliquer, moins concret et sécurisant que la lutte contre le Gender ou le statut de l’embryon. Mais c’est notre seule issue. Toutes les lois gouvernementales anti-Vie et anti-Amour reposent socialement sur le consensus mou globalisé de l’hétérosexualité. La bipolarité hétérosexualité-homosexualité est la mère du Gender, du PaCS, du mariage pour tous, et sera la mère de la PMA, de la GPA, des suicides assistés, des manipulations sur embryon, etc. Tant que nous nous laissons étiqueter « hétéros », nous nous auto-désignerons tacitement comme « non-homosexuels » donc « homophobes », « fascistes », « masculinistes » ; nous défendrons sans le vouloir toutes actions se valant de l’accueil des personnes homosexuelles pour s’acheter une bonne conscience ; nous validerons tous les couples femme-homme qui ne sont pas des modèles d’amour, et nous serons toujours accusés de cautionner une structure d’identité et d’amour – l’hétérosexualité – qui n’en est effectivement pas une !

 
 

Concrètement, ça donne quoi ?

 

Maintenant que j’ai parlé du but et de notre ennemi (après, qu’on les assume ou pas, c’est un autre problème : moi, je suis juste chargé de vous les dire, et de vous montrer que sans leur dénonciation, nous n’avancerons pas et nous accrocherons aux branches fragiles du Gender ou de l’écologie), quelles méthodes concrètes pour avancer ?

 

Vous savez, je commence à côtoyer suffisamment d’Université d’été et de groupes d’opposition à la loi Taubira pour humer les ambiances, comparer les différentes conceptions d’actions et de stratégies. Tous pensent efficacité (parce qu’ils paniquent) avant durée et vérité.

 

Tous ? Non ! Les seuls qui échappent à cette règle, je trouve que ce sont les Veilleurs. Les Veilleurs sont le seul lieu humain où fond et forme, Charité et Vérité, cherchent à s’épouser. À mon sens, ce sont les Veilleurs qui peuvent le mieux nous apporter la solution à notre mouvement, tant sur le plan des idées que des méthodes.

 

Quand je dis les Veilleurs, pas n’importe lesquels. Des Veilleurs qui ne font pas que philosopher sur des abstractions (la nécessité de l’engagement, l’importance de la liberté de penser, le pouvoir de la résistance, etc.), qui ne font pas qu’organiser des kermesses entourées de CRS. Mais des Veilleurs qui pensent au sens et aux applications concrètes de notre engagement pour le contexte réel et mouvant qui est le nôtre. Des Veilleurs qui dépotent et qui commencent/continuent, sur les places publiques, en politique (syndicats, partis) et dans les médias, à dénoncer, PAR LA CULTURE ET PAR LA PAIX, les incohérences du système hétérosexuel (un système inconsciemment bisexuel et asexuel). Des Veilleurs dont les responsables doivent être mieux identifiés et mieux formés pour parler et discerner des actions à venir (le mouvement des Veilleurs n’a pas encore assumer de se choisir des « chefs » : c’est une grave erreur et son talon d’Achille, car il en a besoin. Et le pire, c’est que des chefs au service, intelligents, posés, qui ont des choses à dire, qui ne font pas potiche, les Veilleurs en ont : Axel Rokvam, Madeleine Bazin, Marianne de Lyon, Gaultier Bes de Berc, moi s’il y a besoin, etc.).

 

Vous vouliez d’une rentrée corsée ? Et bien nous y sommes ! Voilà comment je vois concrètement les choses : impliquons-nous intellectuellement, artistiquement, politiquement contre l’hétérosexualité et à travers les Veilleurs. Et ma remontrance sur la Veillée de la Concorde n’était qu’un encouragement à tout miser sur les Veilleurs.

 

J’ai dit ce que j’avais à dire.

 

Philippe Ariño, 2 septembre 2013